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Tuesday, December 26, 2023

Comme les choses invisibles



Comme nous avalons notre salive
au réveil.
Comme nous sentons le goût du sang
dans les verres d’eau.
Comme nous vivons dans cet ordre.
Je te parle.

Tu diras qu’on est si bien
et qu’un petit dieu est assis dans ta tête.
Tu chanteras comme un vieux cuisinier
des mots de cent mille ans
pour paupières malades.
Ce sera de la chaleur.
Comme
des coups dans les yeux.
Ou comme
boire à la paille
le liquide gluant
et parfumé.

Et
le sable sur nous
sera comme les petites miettes du pain
sous la couverture.

Tu entends les ambulances ?
Et tu entends les mouches
qui lavent les morts?


Laura Vazquez

Saturday, January 14, 2023

Le corbeau


Sous ma chemise 

je porte la mort 

tel un corbeau 

apprenti de la parole


Il est seul à comprendre 

le langage enragé de mon cœur


Anise Koltz


Saturday, August 7, 2021

Épitaphe

 

Sauf les amoureux commençans ou finis qui veulent commencer par la fin il y a tant de choses qui finissent par le commencement que le commencement commence à finir par être la fin la fin en sera que les amoureux et autres finiront par commencer à recommencer par ce commencement qui aura fini par n’être que la fin retournée ce qui commencera par être égal à l’éternité qui n’a ni fin ni commencement et finira par être aussi finalement égal à la rotation de la terre où l’on aura fini par ne distinguer plus où commence la fin d’où finit le commencement ce qui est toute fin de tout commencement égale à tout commencement de toute fin ce qui est le commencement final de l’infini défini par l’indéfini — Égale une épitaphe égale une préface et réciproquement

(Sagesse des nations)

 


I
l se tua d’ardeur, ou mourut de paresse.
S’il vit, c’est par oubli ; voici ce qu’il se laisse :

— Son seul regret fut de n’être pas sa maîtresse. —


Il ne naquit par aucun bout,
Fut toujours poussé vent-de-bout,
Et fut un arlequin-ragoût,
Mélange adultère de tout.

Du je-ne-sais-quoi. — Mais ne sachant où ;
De l’or, — mais avec pas le sou ;
Des nerfs, — sans nerf. Vigueur sans force ;
De l’élan, — avec une entorse ;
De l’âme, — et pas de violon ;
De l’amour, — mais pire étalon.
— Trop de noms pour avoir un nom. —

Coureur d’idéal, — sans idée ;
Rime riche, — et jamais rimée ;
Sans avoir été, — revenu ;
Se retrouvant partout perdu.

Poète, en dépit de ses vers ;
Artiste sans art, — à l’envers,
Philosophe, — à tort à travers.

Un drôle sérieux, — pas drôle.
Acteur, il ne sut pas son rôle ;

Peintre : il jouait de la musette ;
Et musicien : de la palette.

Une tête ! — mais pas de tête ;
Trop fou pour savoir être bête ;
Prenant pour un trait le mot très.
— Ses vers faux furent ses seuls vrais.

Oiseau rare — et de pacotille ;
Très mâle … et quelquefois très fille ;
Capable de tout, — bon à rien ;
Gâchant bien le mal, mal le bien.
Prodigue comme était l’enfant
Du Testament, — sans testament.
Brave, et souvent, par peur du plat,
Mettant ses deux pieds dans le plat.

Coloriste enragé, — mais blême ;
Incompris… — surtout de lui-même ;
Il pleura, chanta juste faux ;
— Et fut un défaut sans défauts.

Ne fut quelqu’un, ni quelque chose
Son naturel était la pose.

Pas poseur, — posant pour l’unique ;
Trop naïf, étant trop cynique ;
Ne croyant à rien, croyant tout.
— Son goût était dans le dégoût.

Trop crû, — parce qu’il fut trop cuit,
Ressemblant à rien moins qu’à lui,
Il s’amusa de son ennui,
Jusqu’à s’en réveiller la nuit.
Flâneur au large, — à la dérive,
Épave qui jamais n’arrive…

Trop Soi pour se pouvoir souffrir,
L’esprit à sec et la tête ivre,
Fini, mais ne sachant finir,
Il mourut en s’attendant vivre
Et vécut, s’attendant mourir.

Ci-gît, — cœur sans cœur, mal planté,
Trop réussi — comme raté.

 

Tristan Corbière, Les Amours jaunes, 1873

Saturday, July 10, 2021

Faim

Si j’ai du goût, ce n’est guère
Que pour la terre et les pierres.
Je déjeune toujours d’air,
De roc, de charbons, de fer.

Mes faims, tournez. Paissez, faims,
Le pré des sons.
Attirez le gai venin
Des liserons.

Mangez les cailloux qu’on brise,
Les vieilles pierres d’églises ;
Les galets des vieux déluges,
Pains semés dans les vallées grises.

Le loup criait sous les feuilles
En crachant les belles plumes
De son repas de volailles :
Comme lui je me consume.

Les salades, les fruits
N’attendent que la cueillette ;
Mais l’araignée de la haie
Ne mange que des violettes.

Que je dorme ! que je bouille
Aux autels de Salomon.
Le bouillon court sur la rouille,
Et se mêle au Cédron.

Arthur Rimbaud

Friday, April 2, 2021

Les arbres me parlent, dit Idir

Que racontent donc ces végétaux en leur majesté ombrageante ?
Quelles vertus relatent-ils à travers leur douce chorégraphie…
ainsi menée par le vent ?
Sont-ce des paroles augurantes ou le récit de leur trace séculaire ?

Ces arbres demeurent le symbole d’une nature meurtrie qui s’époumone
reclus dans un bastion précaire, à l’abri de « celui » qui la saccage puis la préserve

Zéphyr et brise bousculent alors les feuillages de leur souffle salvateur
Que racontent donc ces murmures ?

Nadia Ben Slima, 2015

Thursday, January 28, 2021

Vendredi

Rires dans du soleil,

ivoire ! agenouillements timides, les mains aux choses de la terre…

Vendredi ! que la feuille était verte, et ton ombre nouvelle, les mains

si longues vers la terre, quand, près de l’homme taciturne, tu remuais

sous la lumière le ruissellement bleu de tes membres !

- Maintenant l’on t’a fait cadeau d’une défroque rouge. Tu bois l’huile

des lampes et voles au garde-manger ; tu convoites les jupes de la cuisinière

qui est grasse et qui sent le poisson ; tu mires au cuivre de ta livrée tes yeux

devenus fourbes et ton rire, vicieux.

 

 

Saint John Perse

Wednesday, November 25, 2020

Il pleut


 

 Il pleut 


Il pleut des voix de femmes comme si elles étaient mortes même dans le souvenir
c’est vous aussi qu’il pleut, merveilleuses rencontres de ma vie. ô gouttelettes !
et ces nuages cabrés se prennent à hennir tout un univers de villes auriculaires
écoute s’il pleut tandis que le regret et le dédain pleurent une ancienne musique
écoute tomber les liens qui te retiennent en haut et en bas

 

 Guillaume ApollinaireOndes, “Calligrammes», Poèmes de la paix et de la guerre (1913-1916).

Saturday, April 25, 2020


René Char, Feuillets d'Hypnos

Tuesday, April 14, 2020

L’océan glacial


L’océan glacial, poeme - objet d’ André Breton, 1936 

Saturday, December 14, 2019

Unfinished Ode to Mud



Our soul resents it. Our feet and wheels trample it. “Mud” is how we address those we hate, paying little attention to the injustice done to the mud. Does it really deserve the constant humiliation, attacked with such an atrocious persistence? Mud, so despised, I love you. Mud is pleasant to the noble hearts because it is despised. In my essay, oh mud, fly in the face of your detractors! How beautiful you look after the rain has softened you — beautiful, you, carried on blue wings! 
When not only the distant, but all that is close-by has turned dark and like in a dream with a funeral, the rain beats suddenly, bruising the earth. That is when the ground starts melting into mud. And those of pure gaze adore it. The azure kneels upon the slimy body broken by the hostile wheels; during long intervals from a deep teal to an opinionated passage, who knows where, liberty and devotion guide our steps. This is how a savage spot turns into a loveliest place giving off a powdered odour.      
From there on, the earth’s finest flower, the bane of artist’s life, mud flies best, and defends itself best against the feet of its detractors. All by itself, it resists our direct approach, forcing long detours on stilts. And it’s not due to the lack of hospitality or a surplus of jealousy, since she immediately attaches herself to whoever is coming by —  that dog of mud keeps jumping on me, holding onto my foot; and she holds with tenacity, no matter her age — the older, the stronger the grip: When I trespass, when I enter her domain, she doesn’t let me go, but fastens onto my limbs, lassos them with elastic traps, grapples them like wrestlers lying on the ground.
What do you think about such lasting connection? You find it overbearing? Not me. An emotional tie I can readily forgive. I certainly prefer it to indifference: better to be caked in mud than making little progress. I adore it, although my pace is slackened; and I am grateful in spite of all the detours forced upon me. 
Mud appeals to the valiant. You left your footprints on her face — she’s got your number and will pay back. Your destiny is sealed. She dies clenching her jaws. Mud perseveres, you have to wait for her to dry before she lets go. Its stick-to-it-ive-ness is that of ivy. You cannot brush her off. Try better scraping with a knife, scratching to dust, — that’s right, dust, which shares the destiny of all the carbohydrates, including ourselves. 
Certain books, whose time has passed — they have done all the damage, as well as all the good  they could, had claimed mud as the origins of man. Man is an imposter and is not without his pretentious claims. Certainly, the claim was meant as derogatory, to keep us down, to strip us of all the pretensions. Actually it is derogatory for both mud and man. There are no obvious ties of close kinship between the two of us. Man’s flesh is too pink for that — we’ll talk about man in his turn. As for the mud’s pretensions, the most important of them is that there’s nothing we can do to it and that we cannot give it any structure. 
It carries on the way snails and earthworms do when they pass through it, and reciprocally, the way mud passes through them – phlegmatically like slime passes through certain fish. If I were poetically inclined, I could continue the way I did earlier when talking about mud-wrestling, lassos and ivy; but myself, just like all the others who happen to be bogged down and should let mud dry, waiting on the side of the road, I need to let it dry now in this text. Although truth be told, I cling to that mud a lot more than the mud clings to my poem; so, it is really up to me to quit putting mud into words, especially since by definition, mud is hostile to form and is the bastion of resistance to all things artistic; in fact, I believe it entices me in order to frustrate. Therefore, the best I can do to its glory andmy  shame is diligently quit wrestling with this unfinished ode….
Francis Ponge 

https://francispongeonlineanthology.wordpress.com/2017/08/02/mud-the-unfinished-ode-a-text-of-francis-ponge-translated-by-vadim-bystritski/


Sunday, September 29, 2019

Ode inachevée à la boue

 

La boue plaît aux cœurs nobles parce que constamment méprisée.

Notre esprit la honnit, nos pieds et nos roues l'écrasent. Elle rend la marche difficile et elle salit : voilà ce qu'on ne lui pardonne pas.

C'est de la boue! dit-on des gens qu'on abomine, ou d'injures basses et intéressées. Sans souci de la honte qu'on lui inflige, du tort à jamais qu'on lui fait. Cette constante humiliation, qui la mériterait ? Cette atroce persévérance !

Boue si méprisée, je t'aime. Je t'aime à raison du mépris où l'on te tient.

De mon écrit, boue au sens propre, jaillis à la face de tes détracteurs !

Tu es si belle, après l'orage qui te fonde, avec tes ailes bleues !

Quand, plus que les lointains, le prochain devient sombre et qu'après un long temps de songerie funèbre, la pluie battant soudain jusqu'à meurtrir le sol fonde bientôt la boue, un regard pur l'adore : c'est celui de l'azur agenouillé déjà sur ce corps limoneux trop roué de charrettes hostiles, – dans les longs intervalles desquelles, pourtant, d'une sarcelle à son gué opiniâtre la constance et la liberté guident nos pas

Ainsi devient un lieu sauvage le carrefour le plus amène, la sente la mieux poudrée.

La plus fine fleur du sol fait la boue la meilleure, celle qui se défend le mieux des atteintes du pied ; comme aussi de toute intention plasticienne. La plus alerte enfin à gicler au visage de ses contempteurs.

Elle interdit elle-même l'approche de son centre, oblige à de longs détours, voire à des échasses.

Ce n'est peut-être pas qu'elle soit inhospitalière ou jalouse; car, privée d'affection, si vous lui faites la moindre avance, elle s'attache à vous.

Chienne de boue, qui agrippe mes chausses et qui me saute aux yeux d'un élan importun !

Plus elle vieillit, plus elle devient collante et tenace. Si vous empiétez son domaine, elle ne vous lâche plus. Il y a en elle comme des lutteurs cachés, couchés par terre, qui agrippent vos jambes; comme des pièges élastiques; comme des lassos.

Ah comme elle tient à vous! Plus que vous ne le désirez, dites-vous. Non pas moi. Son attachement me touche, je le lui pardonne volontiers. J'aime mieux marcher dans la boue qu'au milieu de l'indifférence, et mieux rentrer crotté que Grosjean comme devant; comme si je n'existais pas pour les terrains que je foule... J'adore qu'elle retarde mon pas, lui sais gré des détours à quoi elle m'oblige.

Quoi qu'il en soit, elle ne lâcherait pas mes chausses; elle y sécherait plutôt. Elle meurt où elle s'attache. C'est comme un lierre minéral. Elle ne disparaît pas au premier coup de brosse. I1 faut la gratter au couteau. Avant que de retomber en poussière - comme c'est le lot de tous les hydrates de carbone (et ce sera aussi votre lot) - si vous l'avez empreinte de votre pas, elle vous a cacheté de son sceau. La marque réciproque...

Elle meurt en serrant ses grappins.

La boue plaît enfin aux cœurs vaillants, car ils y trouvent une occasion de s'exercer peu facile. Certain livre, qui a fait son temps, et qui a fait, en son temps, tout le bien et tout le mal qu'il pouvait faire (on l'a tenu longtemps pour parole sacrée), prétend que l'homme a été fait de la boue. Mais c'est une évidente imposture, dommageable à la boue comme à l'homme. On la voulait' seulement dommageable à l'homme, fort désireux de le rabaisser, de lui ôter toute prétention. Mais nous ne parlons ici que pour rendre à toute chose sa prétention (comme d'ailleurs à l'homme lui-même). Quand nous parlerons de l'homme, nous parlerons de l'homme. Et quand de la boue, de la boue. Ils n'ont, bien sûr, pas grand-chose de commun. Pas de filiation, en tout cas. L'homme est bien trop parfait, et sa chair bien trop rose, pour avoir été faits de la boue. Quant à la boue, sa principale prétention, la plus évidente, est qu'on ne puisse d'elle rien faire, qu'on ne puisse aucunement l'informer.

Elle passe – et c'est réciproque – au travers des escargots, des vers, des limaces – comme la vase au travers de certains poissons : flegmatiquement.

Assurément, si j'étais poète, je pourrais (on l'a vu) parler des lassos, du lierre des lutteurs couchés de la boue. Ainsi sécherait-elle alors, dans mon livre, comme elle sèche sur le chemin, en l'état plastique où le dernier embourbé la laisse...

Mais comme je tiens à elle beaucoup plus qu'à mon poème, eh bien, je veux lui laisser sa chance, et ne pas trop la transférer aux mots. Car elle est ennemie des formes et se tient à la frontière du non-plastique. Elle veut nous tenter aux formes, puis enfin nous en décourager. Ainsi soit-il! Et je ne saurais donc en écrire, qu'au mieux, à sa gloire, à sa honte, une ode diligemment inachevée...


Francis Ponge, Pieces, 1962 


Saturday, September 15, 2018

Sans titre


Solitaire a mon ilot
matelot sans mat
ceux yeux demi-clos
 je transforme ma 

force en mille flots:
one magique ma-
thematique me pilo
-te et j'aime a 

la folie cet ilot
immobile! l'exil aux
 doux gout  amer ...

Rever donc aux seuil
d'une tierce ame 
-risque est mon conseil

Kolja Micevic

Saturday, February 11, 2017

Stupeur de jeunes recrues en apercevant pour la première fois ton azur, ô Méditerranée!



Alphonse Allais, Stupeur de jeunes recrues en apercevant pour la première fois ton azur, ô Méditerranée,” 1887, in Album Primo-Avrilesque. Paris: Ollendorf, 1897

Tuesday, November 15, 2016

Le soleil


C.Tarkos, “Caisses”.

Saturday, April 25, 2015

Comme aux jeux de hasard


Comme aux jeux de hasard
Des règles sont posées
On va tenter la chance
faire preuve de la patience
on paiera pour voir

Comme aux jeux de hasard
Quand les des sont lancés
On les regarde rouler
Mais les jeux sont faits
Il est déjà trop tard


Alice Becker-Ho,1998

Friday, January 30, 2015

Nerval's Lobster



“Why should a lobster be any more ridiculous than a dog? Or a cat, or a gazelle, or a lion, or any other animal that one chooses to take for a walk? I have a liking for lobsters. They are peaceful, serious creatures. They know the secrets of the sea, they don't bark, and they don't gobble up your monadic privacy like dogs do. And Goethe had an aversion to dogs, and he wasn't mad!"
— Gérard de Nerval, when asked why he kept a lobster as a pet and walked it on a leash.

Text by Mark Derry

El Desdichado

Je suis le ténébreux, - le veuf, - l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie
Ma seule étoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s'allie.

Suis-je Amour ou Phébus ? ... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron ;
Modulant tout à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.


Gérard de Nerval, Les Chimères (1854)

Wednesday, September 1, 2010

Les arbres se défont a l’intérieur d’une sphère de brouillard

Dans le brouillard qui entourne les arbres, les feuilles leur sont dérobées; qui déjà, décontenancées par une lente oxidation, et mortifies par le retrait de la sève au profit des fleurs et fruits, depuis les grosses chaleurs d’août tenaient moins à eux.
Dans l’écorce des rigoles verticals se creusent par où l’himidité jusqu’au sol est conduite à se désintéresser des parties vives du tronc.
Les fleurs sont dispersées, les fruits sont deposes. Depuis le plus jeune âge, la resignation de leurs qualities vives et de parties de leur corps est devenue pour les arbres un exercise familier.

Francis Ponge, 1942


Trees Undoing Themselves Inside a Sphere of Fog.

In the fog which surrounds the trees, leaves have unrobed them, having already been unmasked by a slow oxidation and deadened by the retreat of the sap to the gain of the flowers, fruits ever since the grand heat of August gave less to them.
In the bark vertical rivulets are hollowed by humidity until soil is toted, indifferent to the living parts of the bole.
The flowers are dispersed, the fruits discarded. For since the earliest age the resignation of their living elements and body-parts has become, for the trees, an exercise in the familiar.

Francis Ponge

Monday, May 3, 2010

Who What

For a long time you have been nonexistent
A face sometimes famous and sufficient unto itself
How I love you I don’t know For a long time
I have loved you with indifference I love you to hatred
By omission by murmur out of cowardice
Obstinately Against all probability
I love you losing you to lose
I who refuse to be ours dragged
From stern (a balcony jig-sawed on salt)
Ex-who dragged backwards between two waters
Now what
Mouth punished
Mouth punished heart pacing the orbit
A question to all vainly opening up third party

Qui Quoi
Il y a longtemps que tu n’existes pas
Visage quelquefois celebre et suffisant
Comment je t’aime Je ne sais Depuis longtemps
Je t’aime avec indifference Je t’aime a haine
Par omission par murmure par lachete
Avec obstination Contre toute vraisemblance
Je t’aime en te perdant pour perdre
Ce moi qui refuse d’etre des notres entraine
De poupe (ce balcon chantourne sur le sel)
Ex-qui de dos traine entre deux eaux
Maintenant quoi
Bouche punie
Bouche punie c?ur arpentant l’orbite
Une question a tout frayant en vain le tiers

Michel Deguy
From: Tombeau de Du Bellay
Paris 1973.

Thursday, August 27, 2009

Encore cet astre

Espèce de soleil! tu songes : - Voyez-les,
Ces pantins morphinés, buveurs de lait d'ânesse
Et de café; sans trêve, en vain, je leur caresse
L'échine de mes feux, ils vont étiolés! -

- Eh! c'est toi, qui n'as plus que des rayons gelés!
Nous, nous, mais nous crevons de santé, de jeunesse!
C'est vrai, la Terre n'est qu'une vaste kermesse,
Nos hourrahs de gaîté courbent au loin les blés.

Toi seul claques des dents, car tes taches accrues,
Te mangent, ô Soleil, ainsi que des verrues
Un vaste citron d'or, et bientôt, blond moqueur,

Après tant de couchants dans la pourpre et la gloire,
Tu seras en risée aux étoiles sans cœur,
Astre jaune et grêlé, flamboyante écumoire!

Jules Laforgue, 1903