Ce
parcours propose vingt-cinq images sélectionnées et commentées par
Benjamin Bardinet et Ève Lepaon, conférenciers-formateurs au Jeu de
Paume. Il est articulé en cinq sections introduites par Georges
Didi-Huberman, commissaire de l’exposition : Éléments
(déchaînés), Gestes (intenses), Mots (exclamés), Conflits
(embrasés), Désirs (indestructibles).
Se
soulever, comme lorsqu’on dit « une tempête se lève, se soulève
». Renverser la pesanteur qui nous clouait au sol. Alors, ce sont
les lois de l’atmosphère tout entière qui seront
contredites. Surfaces – draps, drapés, drapeaux – qui
volent au vent. Lumières qui explosent en feux d’artifice.
Poussière qui sort de ses recoins, qui s’élève. Temps qui sort
de ses gonds. Monde sens dessus dessous. De Victor Hugo à Eisenstein
et au-delà, les soulèvements seront souvent comparés à des
ouragans ou à de grandes vagues déferlantes. Parce qu’alors les
éléments (de l’histoire) se déchaînent.
On
se soulève d’abord en exerçant son imagination, fût-ce dans ses
« caprices » ou ses « disparates », comme disait Goya.
L’imagination soulève des montagnes. Et lorsqu’on se soulève
depuis un « désastre » réel, cela veut dire qu’à ce qui nous
oppresse, à ceux qui veulent nous rendre les mouvements impossibles,
on oppose la résistance de forces qui sont désirs et imaginations
d’abord, c’est-à-dire forces psychiques de déchaînement et
réouvertures des possibles. (G. D.-H.)